SECONDE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE 347

mer, chargé de transporter les compositions de Le Brun sur des étoffes de soie à gros grain, imitant la tapisserie. Bonnemer fut investi un peu plus tard de la surveillance des apprentis.

M. Lacordaire n'a pas compté moins de quarante-neuf artistes employés, sous la conduite de Le Brun, à la préparation des modèles. Leurs noms sont indiqués dans la notice que cet auteur a consacrée aux Gobelins. La manufacture des meubles de la couronne comprenait alors, comme on l'a dit, les artisans les plus habiles dans tous les genres, mosaïstes, fondeurs, ciseleurs, sculpteurs en bois et en pierre; Girardon, Coustou, Coysevox y avaient leurs ateliers, à côté des Keller, des Tubi, des Caffieri, des Gucci et de maint autre praticien éminent employé à la décoration des résidences royales.

Le rapprochement de ces talents divers, concourant tous au même but, produisit d'immenses et féconds résultats. Les Gobelins .constituaient, sous Louis XIV, une sorte de grande école d'art décoratif, qui donna au goût français une influence prépondérante pendant plus d'un siècle sur l'Europe entière. - Il s'agit maintenant d'établir le bilan des productions de cet atelier si bien organisé. L'Inventaire du mobilier de la couronne, dressé au début du règne de Louis XIV et tenu au courant de toutes les additions successives, va nous fournir les renseignements les plus'précis sur la période brillante qui s'étend de 1662 à 1694. . Les archives de la manufacture font absolument défaut pour ce laps de temps. Quant aux Comptes des bâtiments-du roi, ils devraient jusqu'à un certain point suppléer à cette lacune; mais ils se contentent le plus souvent d'indiquer la somme totale attribuée à l'entrepreneur, dans le cours de l'année, et relatent très rarement le nombre et le sujet des pièces livrées. Ainsi on sait, par le compte de 1668, que Jans avait en même temps sur le métier une pièce des Actes des apôtres, deux des Saisons et des Éléments, cinq de l'Histoire' du roi, quatre de l'Histoire d'Alexandre, deux des Mois ou Résidences royales, deux pièces arabesques et six de Mé-léagre. La même année,. Henri Laurent travaillait à une tapisserie des Actes des apôtres, à deux des Éléments, à une des Saisons, à une de l'Histoire du roi et à trois d'Alexandre, tandis que Lefèvre terminait un sujet de l'Histoire du roi, un des Actes des apôtres, quatre de l'Alexandre et un des Mois. Pendant ce temps, l'atelier de basse lice de Delacroix était aux prises avec



	SECONDE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE 347 mer, chargé de transporter les compositions de Le Brun sur des étoffes de soie à gros grain, imitant la tapisserie. Bonnemer fut investi un peu plus tard de la surveillance des apprentis. M. Lacordaire n'a pas compté moins de quarante-neuf artistes employés, sous la conduite de Le Brun, à la préparation des modèles. Leurs noms sont indiqués dans la notice que cet auteur a consacrée aux Gobelins. La manufacture des meubles de la couronne comprenait alors, comme on l'a dit, les artisans les plus habiles dans tous les genres, mosaïstes, fondeurs, ciseleurs, sculpteurs en bois et en pierre; Girardon, Coustou, Coysevox y avaient leurs ateliers, à côté des Keller, des Tubi, des Caffieri, des Gucci et de maint autre praticien éminent employé à la décoration des résidences royales. Le rapprochement de ces talents divers, concourant tous au même but, produisit d'immenses et féconds résultats. Les Gobelins .constituaient, sous Louis XIV, une sorte de grande école d'art décoratif, qui donna au goût français une influence prépondérante pendant plus d'un siècle sur l'Europe entière. - Il s'agit maintenant d'établir le bilan des productions de cet atelier si bien organisé. L'Inventaire du mobilier de la couronne, dressé au début du règne de Louis XIV et tenu au courant de toutes les additions successives, va nous fournir les renseignements les plus'précis sur la période brillante qui s'étend de 1662 à 1694. . Les archives de la manufacture font absolument défaut pour ce laps de temps. Quant aux Comptes des bâtiments-du roi, ils devraient jusqu'à un certain point suppléer à cette lacune; mais ils se contentent le plus souvent d'indiquer la somme totale attribuée à l'entrepreneur, dans le cours de l'année, et relatent très rarement le nombre et le sujet des pièces livrées. Ainsi on sait, par le compte de 1668, que Jans avait en même temps sur le métier une pièce des Actes des apôtres, deux des Saisons et des Éléments, cinq de l'Histoire' du roi, quatre de l'Histoire d'Alexandre, deux des Mois ou Résidences royales, deux pièces arabesques et six de Mé-léagre. La même année,. Henri Laurent travaillait à une tapisserie des Actes des apôtres, à deux des Éléments, à une des Saisons, à une de l'Histoire du roi et à trois d'Alexandre, tandis que Lefèvre terminait un sujet de l'Histoire du roi, un des Actes des apôtres, quatre de l'Alexandre et un des Mois. Pendant ce temps, l'atelier de basse lice de Delacroix était aux prises avec